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Comité stéphanois
21 octobre 2013

Les Anarchitectures 1 & 2

Les Anarchitectures - Damien Saez (2010) : Aux agneaux égorgés au loin / Au chant du coq dans le lointain / A l’orée des grands champs de blé / Humanité les poings liés / Scotché à la lisière du bois / Petit Poucet cherche pourquoi / Ses parents ont capitulé / Aux grands vents des communicants / De tous nos temples les églises / N’ont plus le grand des cathédrales / Au temps des anarchitectures / Et des lance-pierres contre les murs / Les sacs de billes ont pris le large / Et les amours au coin des grives / Toutes ces choses d’autrefois / Putain je ne vois plus la rive...

Puisqu’il faut accepter du temps / L’évolution toujours plus bas / Au vulgaire des concessionnaires / Des libertés pour nos enfants / Il sera équipé c’est sûr / Pour parler à la terre entière / Mais n’aura rien à dire bien sûr / Que ce qu’il voit sur les écrans / Certains les plus bourgeois toujours / Sauront savoir garder leurs plumes / Quand le peuple verra ses ailes / Blessées sous les coups de l’enclume...

C’est fini le temps des instruits / Le temps des populaires aussi / Fini le temps des littéraires / Au-dessus des comptes bancaires / Et des lilas dans les bouquets / Oublié le temps des muguets / Je ne vois que les chrysanthèmes des orthographes dans les poèmes / Finies les latines les racines / Au bon dos de nos origines / Finie la parole sacrée / Bonjour la parole au plus con / Finis les ni bon dieu ni maître / L’heure est au client du paraître / Fini le temps de nos jeunesses / Fini le chant des rossignols / Fini salut à toi mon frère / L’heure est aux champs des électrons / Abonnez-vous peuple de cons / Par satellites à d’autres cons / Au libre échange du néant / A chacun son bon mot bien sûr / C’est la liberté d’être con / La liberté d’être ignorant / Tous égaux dans le carnaval / Je sais mon ami ça fait mal / C’est la liberté d’expression / C’est la liberté d’expression / Pour clamer à tous les faubourgs / Surtout à tous les râteliers / Nos faiblesses et puis nos discours / Sur nos tristes identités...

Salut toi mon frère de faubourg / Salut à toi le Bérurier / Je ne vois rien aux alentours / Que des tristesses à bon marché / Salut à toi frère de banlieue / Toi qu’on voudrait laisser pourrir / Dans le ghetto des consommants / Dans le ghetto des illettrés / Salut à toi femme au combat / Toi dont la lutte a pris la rouille / Comment te dire mais de nos jours / Les féminismes manquent de couilles...

Salut toi mon étoile au loin / L’illuminé de nos chemins / S’éclairera bientôt je sais / Si l’on n’en perd pas le parfum / Vigilance à tous nos esprits / Et feu de tous les journalismes / Puisque toujours il faut combattre / Des nouveaux temples les fascismes.

 

 

Les Anarchitectures 2 - Damien Saez (2013) : On leur fera des paranoïas / Des sueurs froides coulant le front / On leur créera des fièvres obscures / Pour leur fourguer ce qu'ils demandent / Ils s'diront qu'on s'occupe bien d'eux / Puis que c'est pas si mal ici enfin / On leur mettra dans leurs écoles / Tellement de pubs pour leurs gamins / Que quand ils rentreront chez eux / Les petits incultes morveux / Ils feront braquer à leurs parents / Le nouveau truc indispensable / Fabriqué par des petits comme eux / De l'autre côté des planisphères / Des petits qui ont du mal à bouffer / Et qui ont plus dans le cerveau / Tellement qu'un jour ils nous pendront / Pour tout le mal qu'on leur a fait / A moins que d'ici là bien sûr / On leur ait mis bien sur la gueule / Un autre champignon histoire / De prolonger un peu l'Histoire / De l'hégémonie de l'Ouest / Et puis les cris des abattoirs / Tu les as vues nos cours d'école / Ça pue le fric ça pue la mort / Faut voir les modèles qu'on leur donne / Aux mômes putain qu'on abandonne / Il baisse son froc comme il respire / Devant les capitaux du monde / Les téléphones pour les gamins / Pour mieux toucher le cœur de cible / Un pauvre con parmi les fous / Qui aura jamais quitté son trou / Et qui aura vu sur sa machine / Oh oui tous les pays du monde / Les plus belles filles et puis du son / Ouais ça y en a dans les fichiers / Tellement qu'il a rien écouté / Parce qu'il y en a jamais assez / Pour les meilleurs ils finiront collabos / Grands communicants dans une boite / Qui changera cent fois de nom /Et puis de président ben oui / Parce que ça fait monter l'action / D'un autre à l'autre bout du monde / Ben ouais parce que virer des gens / Ben ouais ça fait monter l'action / Il vendra sa mère et son père / Puis toute la sainte famille / Ah putain ce qu'on ferait pas / Pour se payer une piscine / Sous le soleil à se bronzer / Pour un instant qui n'oublierait / Le sang sur ses mains délavées / Non qui ne s'efface pas / Puis si tout ça pète un jour / Toute façon il y aura l'état / Pour aider nos amies les banques / Oui avec vos impôts monsieur / Non les bonus faut pas toucher / Tu comprends ça remettrait en cause / Des p'tits milliers de privilégiés / Tous ceux qui n'arrivent à bander / Que s'ils ont fait craquer la bourse / Et des suicides aux licenciés / L'armée est tellement dans la planche / Qu'ils en croient qu'ils pisseraient de l'or / Qu'ils en croient qu'ils en seraient Dieu / Et puis après tout c'est bien ça / Mon Dieu ne fume pas de Havane / De juan ni quoi que ce soit / C'est un dollar en transaction / Et la bourse est sa religion / Et puisqu'il y a des milliards de bœufs / De crétins ouais de toi et moi / Des petits chiens bons qu'à bouffer / La merde qu'on nous vend toujours / Faut voir qu'est-ce qu'on se prend dans le cul / Oui tellement que ça nous fait plus mal / Allez marchons fils de l'ouest / Et que le pire vienne demain / Histoire de commencer enfin / Un bout d'histoire ça fait longtemps / Une guerre pour tout recommencer / L'horizon plein sur le lointain : A croire décidément qu'ici / L'être humain n'est bon qu'à saigner / On avait tout, les humanismes l'art et le progrès / Dis-moi t'as vu un peu qu'est-ce qu'on en fait ? / Des bouts d'actions pour des tocards / Et toi t'es là à m'écouter / Et moi qui suis là qu'à pleurer / Comme un pauvre con qui change rien / Putain faudrait prendre les armes / Mon pays ma maison de retraite / Ma vie pour quelques lots de touristes / A faire offrir peuple de cons / Ouais le troupeau d'arrivistes / Dans ce pays cimetière terrien / T'as vu la gueule de tes campagnes / Elles ont le goût des chrysanthèmes / Au parfum des nationalismes / Mon pays ma banlieue c'est sûr / Avec ces joueurs de ballon / Ceux qui ont faim et qui n'ont rien / Que du français dans les chansons / Les immigrés chantent en français / Les p'tits bourgeois chantent en anglais / Alors dis-moi lequel des deux / A des problèmes d'identité ? / Et puis y'à ceux qui communiquent / Via les télés et les réseaux / Et y'a tout ce qui ne sert qu'au blé / Au pouvoir du grand tout boursier / C'est sûr c'est la fiente des fientes / C'est la merde incarnée / C'est le fond de teint pour cacher / La laideur de qui ils sont / Et la bêtise c'est l'addiction / C'est la mort des littératures / C'est la propagande toujours / Tellement cynique qu'elle sait même plus / Elle même sur quel bord de la chaise / Elle pourrait foutre son gros cul / De collabo du petit roi / Attention tu verras un jour / Le peuple viendra te chercher / Et il aura le goût du soufre / Le goût de tous ces licenciés / Dont toi tu n'auras pas parlé / L'odeur de l'humain sacrifié / Ouais l'odeur du béton armé / J'vais te faire sentir dans mon immeuble / La pisse dans la cage d'escalier / Un peu que tu prends du caillou / Quand tu t'en vas faire ton pognon / Sur le dos des boucs-émissaires / Que t'as bien trié sur le volet / Moi je suis fils des HLM / Et dans le sang j'ai tant de rage / Mes origines au fond du cœur / Il faudrait pas trop les chercher / N'as-tu pas honte toi salarié ? / Des caddies, des publicités / Et n'as-tu pas trop mal au cul ? / Tellement que toi tu l'as donné / Avec ta gueule de marionnette / D'animateur de supermarché / Prends garde à toi quand tu promènes / Faudrait pas te tromper de quartier.

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