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Comité stéphanois

22 octobre 2013

Il faut

Il faut - Diablogum (1996) : Bonjour je m'appelle - J'habite à St Etienne Je marque des buts Je lance des boules de neige Je fais du surf Sur mer L'hiver J'hiberne Au printemps pour la forme je bousille des toiles de maîtres J'organise des paris Sur terrain De ball-trap les portraits de L'histoire De l'art Prennent une claque 100 francs l'oeil gauche le double pour l'oeil droit les bras ne comptent pas les jambes c'est trop facile de plus j'ai remarqué Souvent elles n'y sont pas J'ai eu la Joconde à la fronde J'ai rendu Picasso manchot ainsi j'ai représenté l'artiste espagnol En Vénus De Milo Personne ne s'émerveille A croire que c'est mieux De se Couper l'oreille Je suis interdit dans tous les musées de France Mais moi J'ai ma conscience Quand un journaliste meurt j'allume un cierge Quand un politique tombe Je fais la grève Pour le sida j'ai mis Mon fusil aux enchères Et puis des toiles avec des trous c'est plus facile à soulever A transporter à accrocher Les musées sont ingrats Je redonne aux tapisseries Leur raison d'être comme il se doit

On dit que l'art est mort Mais s'il ne l'est pas encore Il faut le tuer Les choses seront plus claires Et on saura ce qu'il nous reste à faire On dit que l'art est mort Mais s'il ne l'est pas encore Il faut le tuer Les choses seront plus claires On saura mieux à qui on a affaire

La presse recense plusieurs millions D'intentions de vote ça prouve que certains ont encore des intentions Dommage que ce soit pour voter Qu'ils s'en Défont Heureusement Skyrock veille à la liberté D'expression Je rejoins le club des dégoûtés Donne du fil à retordre à l'AFP Pour les sondages je signe "blasé" laisse gâteux le PAF Profite Juste du bénéf De ne pas être recensé parmi ceux Qui ont loupé Le coche Et à qui on vide les poches Pour quelques loisirs au rabais Le dégoût Produit de première nécessité Le seul dont j'ai besoin Quant aux problèmes de société Les solutions ? A part la destruction je ne vois rien Venir Le pire c'est qu'il va falloir se maintenir En première division des bons A rien Si je veux gagner mon pain

Les guignols de l'info C'est rigolo Les gens biens disent que c'est rigolo Les gens moins biens regardent le bébête-show Le bébête-show c'est rigolo

La télé ça divise mais c'est le même topo Je ferais bien la révolution Mais tout seul C'est coton C'est vrai que le monde est con Mais plus il se pourrit Et plus je me sens bon Plus les femmes sont sexy et plus je me sens con Si la population prenait le pli de mes revendications Que ferais-je de mon QI ? Sans doute une contre-révolution

On dit que le peuple est mort mais s'il ne l'est pas encore Il faut le tuer Les choses seront plus claires Je n'aurai plus à chercher ce qu'il me reste à faire.

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21 octobre 2013

Soutien aux inculpé.e.s en lutte contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Appel à soutien aux inculpé.e.s en lutte contre l'aéroport de Notre­-Dame­-des­-Landes

Le 27 janvier dernier, 15 personnes s’étaient invitées à un pique­-nique revendicatif dans le parc du château familial des multi­milliardaires François et François­-Henri Pinault ­ actionnaires du groupe Vinci ­ pour dénoncer leur responsabilité dans le projet de construction de l’aéroport à Notre­-Dame­-des­-Landes.La famille Pinault n’a pas apprécié cette intrusion et les quinze manifestants ont été arrêtés et placés en garde à vue durant 45 heures, dans des conditions déplorables (discriminations sexistes, intimidations diverses...) lls/elles ont été condamné.e.s le lundi 24 juin, par le TGI de Versailles à 2 mois d'emprisonnement avec sursis, à verser 5600 euros d'amende pour refus de prélèvement ADN, et 1€ de dommages et intérêts aux parties civiles. Les frais de justice s'élèvent déjà à 1260 euros. Le tribunal a rejeté la demande de non­inscription dans le bulletin 2 du casier judiciaire et a ordonné la confiscation des scellés (téléphones portables, ordinateurs portables, caméra, clés 3G...). Ils/elles sont poursuivi.e.s pour violation de domicile et menaces de mort (pour avoir entonné un slogan: "Pinault, la ZAD aura ta peau"). Face à ce jugement inacceptable, ils/elles ont décidé de faire appel. Nous vous tiendrons au courant de la date du procès. D'autre part, suite à ce verdict, une des inculpé.e.s de l’affaire Pinault a relayé sur son blog un communiqué qui se terminait par la phrase « Pinault pollueur, voleur, expropriation » et une affiche du collectif francilien de lutte contre l’aéroport à Notre­-Dame­-des­-Landes représentant François­-Henri Pinault en vampire avec des agneaux sur la tête. Elle est poursuivie par Pinault père et fils pour diffamation. Les Pinault demandent 1 euro de dommage et intérêt en réparation de leur préjudice moral, la suppression des propos et de l’image qu’ils jugent diffamatoires du blog et la publication du dispositif du jugement à venir (supputant qu’il sera en sa défaveur). Elle est citée à comparaître le 8 novembre 2013 à 13h15 devant la 17ème Chambre correctionnelle, Chambre de la Presse du Tribunal de Grande Instance de Paris. Nous dénonçons l'impunité dont bénéficient les financiers actionnaires qui, comme F. Pinault ont une responsabilité dans l'impact social et écologique désastreux qu'ils provoquent, et qui ont le pouvoir, avec la complicité des hommes politiques de faire en sorte que des projets jugés par l'opinion publique inutilement couteux et destructeurs, voient le jour au nom de leurs intérêts privés et de leur mégalomanie. 


Soutien économique

Pour participer à la caisse de soutien : envoyez vos chèques à l’ordre de : «Les Ami­e­s de Clark Kent» en spécifiant bien au dos du chèque «Soutien à la lutte contre l’aéroport de NDDL» à l’adresse suivante : La Parole errante 9, rue François­Debergue ∙ 93100 Montreuil.



Nous appelons à une mobilisation massive lors des procès à venir !

Non à l'aéroport !

Non à la répression !

La désobéissance civile n'est pas un délit!



Prochaines mobilisations - Le mercredi 16 octobre (date anniversaire des expulsions: "la nuit des Césars des expulsions") - le 8 novembre 2013 à 13h15 devant la 17ème Chambre correctionnelle – Chambre de la Presse du Tribunal de Grande Instance de Paris. - Semaine du dimanche 17 au samedi 23 novembre (dates anniversaire de la manifestation de réoccupation et de la répression). - Le 8 décembre (appel européen de Stuttgart contre les grands projets imposés). - Date à préciser: Procès au tribunal de Versailles. - Les appels à (ré)actions en cas de reprise des travaux et d’expulsions sont toujours d’actualité: rdv à 19h au métro Belleville (75019) en cas d'expulsion à Nddl





Diffusion Merci d'envoyer vos lettres de soutien à l'adresse collectifnddlparisidf@riseup.net en indiquant votre nom ou celui de votre collectif...



Contact collectifnddlparisidf@riseup.net

Contact presse : presse.nddl­paris@riseup.net



Pour plus d’information

http://zad.nadir.org/

http://acipa.free.fr

21 octobre 2013

De la guerre

De la guerre (1832)De la guerre, de Carl von Clausewitz, 1832.

Extrait n°1 : On ne s'engage jamais dans l'action qu'en présumant que, si la bataille doit avoir lieu, elle sera favorable.

Extrait n°2 : Le dessein positif est absent de la simple résistance, nous n'y utilisons nos forces que pour contrecarrer les desseins de l'adversaire, et nous ne pouvons donc les diriger vers d'autres objectifs.

Extrait n°3 : La vertu guerrière est l'apanage de la seule armée régulière, c'est elle qui en a le plus besoin. Dans les insurrections et les guerres populaires, les qualités naturelles se développent rapidement pour la remplacer.

Extrait n°4 : La bataille est donc la guerre en concentré, le centre de gravité de l'ensemble du conflit ou de la campagne. Comme le point focal d'un miroir concave fait converger les rayons du soleil en un point parfait qui les porte à l'incandescence maximale, toutes les forces et toutes les tendances de la guerre se réunissent dans la bataille pour exercer la force la plus concentrée.

Extrait n°5 : La guerre populaire telle que nous la concevons, pareille à une nuée, à un brouillard, ne doit jamais se matérialiser en un corps compact, de peur que l'ennemi ne s'attaque à ce noyau dur, ne le détruise et capture un grand nombre d'insurgés. Dans ce cas, le courage s'effondre, chacun se prend à croire que tout est fini, que tout nouvel effort sera vain - le peuple relâche les armes. Par contre, il est nécessaire que cette nuée s'épaississe en certains points et se matérialise en groupes plus denses, pour constituer une orageuse menace d'où peut jaillir un puissant éclair. Ces points sont en particulier situés aux extrémités du théâtre de guerre de l'ennemi.

21 octobre 2013

Du trop de réalité

Du trop de réalité (2000)Du trop de réalité, de Annie Le Brun, 2000.

Extrait n°1 : Car c'est le trop de réalité qui engendre cette "réalité virtuelle" destinée à englober toute réalité, dans la mesure où "il s'agit d'un système dans lequel la réalité même (c'est-à-dire l'existence matérielle/symbolique des gens) est entièrement captée, immergée, dans un cadre d'images vituelles, dans un univers de simulacres, dans lequel les apparences ne se situent pas seulement sur l'écran où l'expérience est communiquée, mais deviennent l'expérience même".

Extrait n°2 : Quant aux exceptions, il paraît bien difficile d'en trouver dans un temps où il n'est plus d'intellectuel à pouvoir même concevoir l'honneur de refuser le Légion d'honneur.

Extrait n°3 : Quant aux artistes - dont il n'y a pas grand-chose à attendre depuis que Jacques Vaché en a tranché en 1917 : "Nous n'aimons ni l'art, ni les artistes" -, on ne sait pas ce qui les aurait empêchés de rejoindre cette domesticité culturelle. Sinon, on ne verrait pas prétendre à ce titre une pléthore de travailleurs culturels censés produire l'art de ce temps, au rythme des bourses et subventions que tous les Etats du monde leur accordent généreusement.

Extrait n°4 : Sur ce point, comme sur tant d'autres aujourd'hui, l'université donna le ton - ce qui, soit dit en passant, confirmait l'analyse de "Unabomber" pour qui les universitaires sont les meilleurs agents de la société qu'ils prétendent critiquer. En effet, tous les professeurs d'université, sollicités par la police pour évaluer le texte dont on cherchait à arrêter l'auteur, furent unanimes : non seulement ce texte ne répondait pas aux critères universitaires mais son auteur n'était pas des leurs.

21 octobre 2013

Le Socialisme sans le Progès (The Root is Man)

Le socialisme sans le progrès (1946)

Le Socialisme sans le Progrès, (Titre original : "The Root is Man"), de Dwight Macdonald, 1946, traduit de l'anglais par Célia Izoard, 2011.

Extrait n°1 : Entre la révolution française de 1789 et l'année 1928, les termes "droite" et "gauche" permettaient de décrire le paysage politique de façon appropriée. Mais en 1928 s'opéra un tournant qui déplaça les termes de la lutte pour l'émancipation humaine - certes, il était en préparation depuis plus longtemps, mais l'année 1928 constitue un point de repère commode. C'est l'incapacité de Trotski à le comprendre qui a donné à son analyse de la "question russe" un caractère de plus en plus irréel ; de même que l'aveuglement durable des libéraux et des socialistes face à cette nouvelle donne explique le caractère pour le moins décalé de leurs positionnements politiques actuels.

Extrait n°2 : L'idée de processus historique, qui était encore il y a un siècle la marque de fabrique de la gauche, est devenue l'argument massue des partisans de l'état des choses actuel.

Extrait n°3 : Nous sommes d'avis qu'il faut adapter la technologie à l'humain même si cela impliquait - ce qui est probable - une régression technologique, au lieu d'exiger des humains qu'ils s'adaptent aux technologies.

Extrait n°4 : Aujourd'hui, le problème fondamental que nous devons affronter, en tant que socialistes, est ce que Georg Lukacs appelle la réification (la "chosification"), un processus que Marx décrit de façon prophétique dans sa théorie de l'aliénation : le fait que l'humain est rendu étranger à sa propre nature par des forces sociales qu'il a lui-même libérées.

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21 octobre 2013

Les Anarchitectures 1 & 2

Les Anarchitectures - Damien Saez (2010) : Aux agneaux égorgés au loin / Au chant du coq dans le lointain / A l’orée des grands champs de blé / Humanité les poings liés / Scotché à la lisière du bois / Petit Poucet cherche pourquoi / Ses parents ont capitulé / Aux grands vents des communicants / De tous nos temples les églises / N’ont plus le grand des cathédrales / Au temps des anarchitectures / Et des lance-pierres contre les murs / Les sacs de billes ont pris le large / Et les amours au coin des grives / Toutes ces choses d’autrefois / Putain je ne vois plus la rive...

Puisqu’il faut accepter du temps / L’évolution toujours plus bas / Au vulgaire des concessionnaires / Des libertés pour nos enfants / Il sera équipé c’est sûr / Pour parler à la terre entière / Mais n’aura rien à dire bien sûr / Que ce qu’il voit sur les écrans / Certains les plus bourgeois toujours / Sauront savoir garder leurs plumes / Quand le peuple verra ses ailes / Blessées sous les coups de l’enclume...

C’est fini le temps des instruits / Le temps des populaires aussi / Fini le temps des littéraires / Au-dessus des comptes bancaires / Et des lilas dans les bouquets / Oublié le temps des muguets / Je ne vois que les chrysanthèmes des orthographes dans les poèmes / Finies les latines les racines / Au bon dos de nos origines / Finie la parole sacrée / Bonjour la parole au plus con / Finis les ni bon dieu ni maître / L’heure est au client du paraître / Fini le temps de nos jeunesses / Fini le chant des rossignols / Fini salut à toi mon frère / L’heure est aux champs des électrons / Abonnez-vous peuple de cons / Par satellites à d’autres cons / Au libre échange du néant / A chacun son bon mot bien sûr / C’est la liberté d’être con / La liberté d’être ignorant / Tous égaux dans le carnaval / Je sais mon ami ça fait mal / C’est la liberté d’expression / C’est la liberté d’expression / Pour clamer à tous les faubourgs / Surtout à tous les râteliers / Nos faiblesses et puis nos discours / Sur nos tristes identités...

Salut toi mon frère de faubourg / Salut à toi le Bérurier / Je ne vois rien aux alentours / Que des tristesses à bon marché / Salut à toi frère de banlieue / Toi qu’on voudrait laisser pourrir / Dans le ghetto des consommants / Dans le ghetto des illettrés / Salut à toi femme au combat / Toi dont la lutte a pris la rouille / Comment te dire mais de nos jours / Les féminismes manquent de couilles...

Salut toi mon étoile au loin / L’illuminé de nos chemins / S’éclairera bientôt je sais / Si l’on n’en perd pas le parfum / Vigilance à tous nos esprits / Et feu de tous les journalismes / Puisque toujours il faut combattre / Des nouveaux temples les fascismes.

 

 

Les Anarchitectures 2 - Damien Saez (2013) : On leur fera des paranoïas / Des sueurs froides coulant le front / On leur créera des fièvres obscures / Pour leur fourguer ce qu'ils demandent / Ils s'diront qu'on s'occupe bien d'eux / Puis que c'est pas si mal ici enfin / On leur mettra dans leurs écoles / Tellement de pubs pour leurs gamins / Que quand ils rentreront chez eux / Les petits incultes morveux / Ils feront braquer à leurs parents / Le nouveau truc indispensable / Fabriqué par des petits comme eux / De l'autre côté des planisphères / Des petits qui ont du mal à bouffer / Et qui ont plus dans le cerveau / Tellement qu'un jour ils nous pendront / Pour tout le mal qu'on leur a fait / A moins que d'ici là bien sûr / On leur ait mis bien sur la gueule / Un autre champignon histoire / De prolonger un peu l'Histoire / De l'hégémonie de l'Ouest / Et puis les cris des abattoirs / Tu les as vues nos cours d'école / Ça pue le fric ça pue la mort / Faut voir les modèles qu'on leur donne / Aux mômes putain qu'on abandonne / Il baisse son froc comme il respire / Devant les capitaux du monde / Les téléphones pour les gamins / Pour mieux toucher le cœur de cible / Un pauvre con parmi les fous / Qui aura jamais quitté son trou / Et qui aura vu sur sa machine / Oh oui tous les pays du monde / Les plus belles filles et puis du son / Ouais ça y en a dans les fichiers / Tellement qu'il a rien écouté / Parce qu'il y en a jamais assez / Pour les meilleurs ils finiront collabos / Grands communicants dans une boite / Qui changera cent fois de nom /Et puis de président ben oui / Parce que ça fait monter l'action / D'un autre à l'autre bout du monde / Ben ouais parce que virer des gens / Ben ouais ça fait monter l'action / Il vendra sa mère et son père / Puis toute la sainte famille / Ah putain ce qu'on ferait pas / Pour se payer une piscine / Sous le soleil à se bronzer / Pour un instant qui n'oublierait / Le sang sur ses mains délavées / Non qui ne s'efface pas / Puis si tout ça pète un jour / Toute façon il y aura l'état / Pour aider nos amies les banques / Oui avec vos impôts monsieur / Non les bonus faut pas toucher / Tu comprends ça remettrait en cause / Des p'tits milliers de privilégiés / Tous ceux qui n'arrivent à bander / Que s'ils ont fait craquer la bourse / Et des suicides aux licenciés / L'armée est tellement dans la planche / Qu'ils en croient qu'ils pisseraient de l'or / Qu'ils en croient qu'ils en seraient Dieu / Et puis après tout c'est bien ça / Mon Dieu ne fume pas de Havane / De juan ni quoi que ce soit / C'est un dollar en transaction / Et la bourse est sa religion / Et puisqu'il y a des milliards de bœufs / De crétins ouais de toi et moi / Des petits chiens bons qu'à bouffer / La merde qu'on nous vend toujours / Faut voir qu'est-ce qu'on se prend dans le cul / Oui tellement que ça nous fait plus mal / Allez marchons fils de l'ouest / Et que le pire vienne demain / Histoire de commencer enfin / Un bout d'histoire ça fait longtemps / Une guerre pour tout recommencer / L'horizon plein sur le lointain : A croire décidément qu'ici / L'être humain n'est bon qu'à saigner / On avait tout, les humanismes l'art et le progrès / Dis-moi t'as vu un peu qu'est-ce qu'on en fait ? / Des bouts d'actions pour des tocards / Et toi t'es là à m'écouter / Et moi qui suis là qu'à pleurer / Comme un pauvre con qui change rien / Putain faudrait prendre les armes / Mon pays ma maison de retraite / Ma vie pour quelques lots de touristes / A faire offrir peuple de cons / Ouais le troupeau d'arrivistes / Dans ce pays cimetière terrien / T'as vu la gueule de tes campagnes / Elles ont le goût des chrysanthèmes / Au parfum des nationalismes / Mon pays ma banlieue c'est sûr / Avec ces joueurs de ballon / Ceux qui ont faim et qui n'ont rien / Que du français dans les chansons / Les immigrés chantent en français / Les p'tits bourgeois chantent en anglais / Alors dis-moi lequel des deux / A des problèmes d'identité ? / Et puis y'à ceux qui communiquent / Via les télés et les réseaux / Et y'a tout ce qui ne sert qu'au blé / Au pouvoir du grand tout boursier / C'est sûr c'est la fiente des fientes / C'est la merde incarnée / C'est le fond de teint pour cacher / La laideur de qui ils sont / Et la bêtise c'est l'addiction / C'est la mort des littératures / C'est la propagande toujours / Tellement cynique qu'elle sait même plus / Elle même sur quel bord de la chaise / Elle pourrait foutre son gros cul / De collabo du petit roi / Attention tu verras un jour / Le peuple viendra te chercher / Et il aura le goût du soufre / Le goût de tous ces licenciés / Dont toi tu n'auras pas parlé / L'odeur de l'humain sacrifié / Ouais l'odeur du béton armé / J'vais te faire sentir dans mon immeuble / La pisse dans la cage d'escalier / Un peu que tu prends du caillou / Quand tu t'en vas faire ton pognon / Sur le dos des boucs-émissaires / Que t'as bien trié sur le volet / Moi je suis fils des HLM / Et dans le sang j'ai tant de rage / Mes origines au fond du cœur / Il faudrait pas trop les chercher / N'as-tu pas honte toi salarié ? / Des caddies, des publicités / Et n'as-tu pas trop mal au cul ? / Tellement que toi tu l'as donné / Avec ta gueule de marionnette / D'animateur de supermarché / Prends garde à toi quand tu promènes / Faudrait pas te tromper de quartier.

20 octobre 2013

Les Prolétaires

Les Prolétaires - Gilles Servat (1972) : Y'a des pétroliers super / Qui foutent le deuil sur l'onde. / Avec 10 hommes d´équipage / On s'en va au bout du monde. / Avant, il en fallait 30 / C'était pas rentable / En voilà 20 au chômage ! / Les prix seront plus supportables. / Mais de tous ces matelots / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces matelots / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville a la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

Assez travaillé pour soi / La petite exploitation, c'est pas rentable / 20 ans de retard. / Fort de la compétition. / Il y a trop d'agriculteurs. / C'est pas raisonnable. / Quelques millions au chômage : Et l'Europe verte sera viable. / Mais de tous ces paysans / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces paysans / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville tra la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

Et toi, petit commerçant / Tu mourras d'la TVA. / Mais si on aide ces gens-là / La bombe, comment on la fera ? / Le petit commerce doit mourir / Il est pas rentable. / Va t'en au supermarché / Les prix seront plus supportables. / Mais de tous ces commerçants / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Mais de tous ces commerçants / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville tra la la la lair / On les mettra à l'usine. / On manque toujours de prolétaires !

A Nantes, à Rennes ou à Brest / Du travail, il n'y en a guère. / Ils voudraient rester chez eux. / Alors comment faire ? / Déplacer toutes les usines ? / C'est complètement con ! / Eux ! Qu'ils viennent dans la capitale. / Pour le patron, c'est plus valable. / Mais de tous ces immigrants / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Mais de tous ces immigrants / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / S'ils viennent dans la capitale, tra la la la lair / Même en faisant plein de fonctionnaires / Y'aura toujours trop de prolétaires. / S'il y a trop de chômeurs / Y'aura du désordre. / Il faudra des policiers / Pour maintenir l'ordre. / Hitler le disait déjà : / "Un chômeur c'est pas rentable. / Un soldat, ça coûte moins cher. / Et c'est bien plus raisonnable." / Mais de tous ces policiers / Qu'est-ce qu´on va en faire ? / Mais de tous ces policiers / Qu'est-ce qu'on va en faire ? / Ils s'en iront à la ville, tra la la la lair / Taper sur les ouvriers / Taper sur leurs frères. / Ils s'en iront à la ville, tra la la la lair / Taper sur les ouvriers / Taper sur leurs frères !

1 octobre 2013

Ne vivons plus comme des esclaves

"NE VIVONS PLUS COMME DES ESCLAVES"

un film de Yannis Youlountas

(réalisé en 2013)

5 juillet 2013

L'empathie de la non vie, Design-on l'ennemi

L’empathie de la non-vie (1)

Design-on l’ennemi


Le design, c’est cool, c’est sympa, n’est-ce pas ? C’est Trendy diront certains pour être dans le coup. Ça rime avec le beau, l’innovation, le progrès. Parfois il y a un petit côté fascinant, magique dirons-nous. Si ça va trop loin alors c’est de la science-fiction, «mais c’est avant tout pour poser des questions» répondront les naïfs la bouche en cœur. Un concept fourre-tout : design environnemental, design commercial, design social, design numérique, design humanitaire… Bref, rien de bien méchant dans ce «quelque chose perdu entre l’art et l’industrie» que nul ne sait trop définir avec précision. Nous allons donc tenter d’expliquer, ici, ce que recouvre ce terme et ce qu’il implique réellement sur et dans nos vies.


Un projet totalitaire

L’anglicisme design, issu du vieux français desseing (1556), conjugue en son sein deux concepts : le dessin et le dessein. C’est-à-dire qu’il est une représentation mais également un projet qui nous parle de notre présent (tel un miroir) et nous permet de saisir ce qui se dessine (ou se projette) dans un futur plus ou moins proche. Le design est donc un projet ; un projet de vie, ajouterons-nous pour être plus exact. Il est considéré comme l’un des grands métiers de la conception avec ceux de l’urbaniste et de l’ingénieur (2). Tous des métiers totalitaires car totalisants : ils inventent, façonnent, gèrent, rationalisent, planifient et s’imposent à nous, sur nos vies, sans que nous leur ayons demandé quoi que ce soit. Le design n’est pas neutre mais bien notoirement politique ; et ce d’autant plus qu’il flirte constamment avec la domination et qu’il glorifie perpétuellement le système technico-logisticien.

Le design est né au XIXe siècle avec la révolution industrielle, processus historique, qui a fait basculer radicalement les sociétés d’un statut à dominante agraire et artisanal vers un statut commercial et mécanisé, statut qui va forger (renforcer et accroître) à son tour la domination capitaliste, et déposséder progressivement les sans-pouvoirs de la maigre prise qu’ils pouvaient encore avoir sur le monde et son décors. Ainsi le design prend-il son essor dans les puissances capitalistes et impérialistes de l’époque : la Grande-Bretagne et la France, avant l’Allemagne et les États-Unis. A l’origine du design, nous retrouvons la conjugaison de certains mouvements artistiques qui ont tenté de critiquer la montée de l’industrialisation. Si l’industrialisation impliquait une modification accélérée de leur environnement et des rapports sociaux, ces mouvements artistiques avaient en germe une certaine mission émancipatrice. Ils ont, d’une certaine façon, essayé de rendre, au moins partiellement, plus vivable le monde tel qu’il était en le délivrant de l’ennui d’une réalité quotidienne déjà de plus en plus envahie par la marchandise. Ainsi, face à la concentration des individus (population ouvrière) dans les villes et les usines, avec leur lot de misère et d’environnement noirâtre, l’Art & Craft tentera d’améliorer le quotidien de l’ouvrier en lui créant un espace de vie agréable et beau (la maison et l’ensemble des objets qui la meublent), mais aussi en lui proposant un retour à la nature et la réappropriation d’un certain savoir-faire (l’artisanat). Toutefois, si à sa manière ce mouvement critiquait bel et bien le nouveau système de production, il ne manquait toutefois pas de s’y associer en rapprochant les Beaux-Arts et l’industrie, par le biais des Arts appliqués. Les mouvements qui suivront – Art nouveau, Bahaus et la plupart des avant-gardes artistiques du vingtième siècle – ne cesseront dès lors de mener cette danse entre répulsion et attirance où vont s’échafauder des concepts abstraits qui, aisément récupérables et aisément récupérés par le système, n’omettront pas d’aggraver l’immondisme ambiant : telle l’idée d’Art total qui s’applique à tous les aspects de la vie, quoique la plupart de ces mouvements avant-gardistes aient d’abord voulu tout autre chose. Le design, lui, poursuivra son avancée avec les crises économiques, la société de consommation et les nouvelles technologies. Quant aux artistes, ils ne cesseront d’accroître leur connivence, voire leur entier ralliement, avec le système capitaliste industriel, ce que montre assez bien aujourd’hui le misérable spectacle que nous offre le (pseudo)-art contemporain. Deux exemples frappants et significatifs : – Le designer Brooks Stevens qui popularise, dans les années 50, la notion « d’obsolescence programmée», créée par le riche philanthrope américain Bernard London pour sortir le pays de la grande dépression des années 30. – Le Pop Art et son chantre Andy Wharol qui, de sa Factory 3, n’a fait que glorifier le système – sous couvert d’en questionner les dispositifs – en rendant artistiques les produits qui colonisaient en masse nos sociétés et nos têtes, autrement dit en fétichisant la marchandise. Standardisation, sérialité, technologie et marchandisation : le spectacle et sa société à leur apogée.


De l’Art dans la ville à la ville Art : design moi des moutons !


L’art de la guerre

«Saint-Étienne, Capitale internationale du design». Pour ce faire, elle crée la Cité du design dans l’ancienne manufacture d’armes de la ville : 33 000 m2, trois ans de travaux pour un coût de 40,7 millions d’euros avec l’aide de l’État, la région et l’argent du contribuable. Un lieu en soi assez symptomatique de la continuation et du recyclage d’un certain savoir-faire morbide. Tel le fameux «Clairon» ou FAMAS (Fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Étienne), et ses lignes ô combien designées pour répandre leur «démocratie», ou en maintenir l’existence aux quatre coins du globe. Au même titre que la technologie, le design est une continuation de la guerre, c’est-à-dire de la politique, par d’autres moyens, pour s’exprimer comme Clausewitz. Pourquoi irait-on, sinon, jusqu’à parler de Cité du design ? Et d’ailleurs que doit-on entendre par Cité du design ? Uniquement ce lieu qui se veut la vitrine d’une pratique particulière ou l’espace générale de la ville où cette pratique a lieu ? Donc de Saint-Étienne dans son ensemble, comme ville designée.



Réenchantons donc tout ça

Une chose est sûre, ce n’est pas gagné d’avance et c’est tant mieux. A l’instar de villes comme Marseille (capitale européenne de la culture 2013 (4)) où se conjuguent résistance et une certaine image collant à la peau qui obstruent les plus mégalos désirs des élites en place. «Redresser l’image de Saint-Etienne ? Il existe des défis plus aisés. Aujourd’hui encore, la préfecture de la Loire souffre d’une mauvaise réputation. Ville froide, ville noire, ville grise et austère, qui ne vaudrait guère le détour… Quelle que soit sa véracité, ce constat accablant demeure un lourd handicap. Surtout dans un contexte de concurrence entre les territoires. Qu’on s’en félicite ou qu’on le regrette, les villes sont en compétition lorsqu’il s’agit d’attirer des chefs d’entreprise, des touristes ou de nouveaux habitants. Et, dans cette bataille, l’image joue un rôle décisif» (5) Le design est donc bien à entendre comme une marque, un logo, mais aussi un médium et un cheval de Troyes. Dans le monde réseau et à l’heure de la transnationalisation du capitalisme, on nous somme de nous vendre et de nous associer pour mieux combattre contre des métropoles voisines, d’autres états ou d’autres régions du monde. Autrement dit, il s’agit bien d’une guerre dont l’un des principaux objectifs est de coloniser nos esprits et nos territoires. Qu’on se le dise toutefois : de cette guerre, nous n’en voulons pas, pas plus que nous ne voulons de ces nouveaux habitants qu’elle charrie avec elle, ces néo petits-bourgeois à forts revenus qui nous relégueront, volontairement ou non, à des fonctions subalternes. A force d’être designée, Saint-Étienne finira par ressembler à n’importe quel quartier d’une mégalopole telle que Shangai, c’est-à-dire par ressembler à rien ou à ce qui se fait maintenant presque n’importe où sur le globe, ce qui revient au même : «modernisation» disciplinaire d’un côté, muséification touristique de l’autre, et néantisation du vivant partout. Notre territoire est donc devenu le terrain d’un incessant conflit de basse intensité que nous nous devons de défendre ; non pour ce qu’il devrait être aux yeux de nos gestionnaires mais bien pour ce qu’il est et ce que nous en faisons au quotidien. Si nous nous battons, c’est pour conserver le peu de vie réelle qui y subsiste encore face à ce dessein mortifère qui nous est destiné. Et tous ces tours de passe-passe qu’on emploie, soit disant pour nous civiliser, ne parviendront pas à nous faire oublier les antagonismes de classe et les conflits sociaux en cours. Du nouveau logo de la ville au nouveau slogan pour se vendre au-dehors – «Saint-Étienne atelier visionnaire» –, Saint-Étienne s’est fait un petit lifting promotionnel. Sur le plan local, il s’agit de redorer un passé industriel glorieux (quitte à nier une grande part d’une certaine réalité économique et sociale qui lui est consubstantielle) en changeant par tous les moyens possibles et imaginables (communication, grands travaux, emprunts toxiques, participation citoyenne, accueil de grands événements...) cette image stigmatisante (6). Saint-Étienne tente de se rattacher à la mégalopole en cours de construction dans la région Rhône-Alpes, ou au minimum de s’y faire une place. C’est que pour peser dans la concurrence mondiale, il faut du nombre et de la technologie. C’est ce à quoi travaillent nos trois blaireaux socialistes régionaux (Messieurs Vincent, Collomb pour Lyon et Destot pour Grenoble) : donner à la région Rhône-Alpes une dimension internationale ou, au moins, une envergure européenne avec d’un côté la métropole Lyon-Saint-Étienne et de l’autre le Sillon Alpin (7). Quelle place peut alors jouer notre ville dans cette méga-technopole multipolaire, si elle ne veut pas être cantonnée à celle de banlieue dortoir pour la grande voisine qui a tout de même besoin d’elle pour étoffer son poids métropolitain ? Car il est vrai que même avec quelques pôles de compétitivité, Saint-é ne pèse pas bien lourd face à ses deux voisines. Son maire, dans une formule qui ne manque pas de force pour un slogan (est-ce de lui ou du service communication de la ville ?), en dit assez long sur le projet : «nous avons un savoir-faire et nous allons le faire savoir (8) ». Ce que Monsieur Maurice Vincent nous dit c’est que Saint-Étienne et son design feront surtout officine de propagande pour ses partenaires, la com’ de l’innovation (9). Et son intégration au club des villes patrimoine de l’UNESCO – réseau qui compte aujourd’hui onze villes créatrices (10) – lui offre à cet égard une certaine légitimité institutionnelle. Cependant, tout le monde voit bien que ce ramdam ne convainc pas tant que ça les habitants de cette ville. Quelle est dès lors la véritable fonction dudit ramdam ? Ni plus, ni moins de nous façonner captieusement l’esprit afin de nous acclimater à ce que nous prépare l’Ennemi : supporter l’insupportable, faire accroire la liberté dans l’absolue déshumanisation. Dans la plus pure novlangue, à créer du discours : parler de et faire parler. «La biennale produit des effets concrets : les nombreux articles qui ont été écrits sur le sujet témoignent d’une vraie reconnaissance. Cela donne une nouvelle image à notre ville et contribue à son attractivité (11)


Bienvenue dans le nanomonde


« [L’homme a créé la machine]. La machine a envahi l’homme, l’homme s’est fait machine, fonctionne et ne vit plus. » – Mohandas Gandhi

La biennale, donc, nous parle du monde de demain. Si le design est né avec la première société industrielle, il témoigne aujourd’hui de la quatrième et dernière (12) révolution industrielle, celle de la convergence des sciences et des technologies NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno), qui se déploie sous nos yeux. Il nous parle de catastrophes à venir qu’il suffirait de conjurer par la grâce et l’intelligence des techniciens et gestionnaires de tous poils. Mais la catastrophe, elle, est belle et bien déjà là. Et même si l’humain, lui, s’adapte à tout – y compris au pire –, mieux vaut tout de même l’aider à banaliser encore celles à venir… sait-on jamais avec cet animal. Voilà donc des années que cette biennale nous fait la propagande de ce que concoctent les labos de Recherche et développement (R&D) pour répondre aux maux qu’ils créent. Et toujours sous couvert de création et de réflexion, on s’adonne à toutes les saloperies possibles et imaginables. Parmi les expositions bien révélatrices, telle «Eden-ADN» en 2007, ou certains stands bien craignos, la palme revient toujours au pavillon «aujourd’hui, c’est demain»… En pire.

Quelques exemples en vrac vus lors de cette biennale ou lors de précédentes : Artificialisation du vivant (OGM & biotechniologies) / Manifeste des mutants (13) / Prolifération de puces RFID et géolocalisation (14) / (Inter)connexion généralisée (des ondes électromagnétiques – et des cancers – à gogo) / Virtualisation du monde (où le virtuel tend à devenir le réel et l’écran notre unique fenêtre sur le monde) / Propagande nucléaire au stand EDF / De la nanotechnologie à toutes les sauces / Appareils intelligents (15) / Monde sans paysans (création de tours agricoles à production hors sol ; viande à faire pousser chez soi in vitro (16), capsules nutritives, … (17) – bon empathie !) / Comment vivre demain dans une boîte à chaussures ? (où mieux que les solutions proposées par le bienfaiteur de l’humanité Ikéa, les murs bougent et les objets se plient pour répondre aux besoins de la journée) (18) / Des super jeux éducatifs : «SIMS nanotechnologies» en lien avec le CNRS et le CEA (où en plus de réaliser son petit fantasme de démiurge du monde on profite des bienfaits des technologies telle l’introduction d’une puce sous-cutanée !) / Monde de robots / Recyclage des déchets industriels pour en faire des objets de consommation courante (utilisation du Cofalit, «pierre noire» issue de la vitrification de déchets amiantés du bâtiment rendus inertes grâce à la vitrification. A quand les objets radioactifs ?), etc, etc.

Des horreurs jusqu’à la nausée qui se dissolvent dans le décor, la marchandise et la magie (noire), et que pourtant personne ou presque ne semble vouloir questionner. Pour les quelques attentionnés et les plus critiques, ces monstruosités indiquent bien que le prochain champ de bataille sur lequel planchent moult organismes et concepteurs est bel et bien l’humain. Car après les objets et la nature inévitablement viendra notre tour.

Le design est une nuisance.

Seule sa disparition saura nous réjouir.

Le reste n’est qu’affaire de Béni-oui-oui 



Collectif Manuela Rodriguez

– Juin 2013 –

 


1 - La 8ème biennale du design de Saint-Etienne (2013) avait pour titre « L’empathie ou l’expérience de l’autre ».

2 - Voir à ce sujet le texte Vaucanson, où le prototype de l’ingénieur, Olivier Serre, 2009 : < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=198 >.

3 - La Factory (l’usine) et le nom de ses ateliers New Yorkais où il produisait ses sérigraphies en quantité industrielle.

4 - Pour une critique de cette manifestation, nous renvoyons le lecteur au pamphlet réalisé par des lillois (Lille fut capitale européenne de la culture en 2004) : La fête est finie, disponible à l’adresse suivante : < lafeteestfinie.free.fr/ >. Pour Marseille, quelques textes sont consultables sur le site Basse Intensité : < http://basseintensite.internetdown.org/ >.

5 - Saint-Etienne, l’heure de la reconquête, L’express, N°3218, mars 2013.

6 - Bienvenue chez les Ch’tiphanois, Jean-Pierre Garnier & Manuela Rodriguez, Article 11 N°10, juin-juillet 2012, disponible à l’adresse suivante : < http://juralib.noblogs.org/2012/07/29/bienvenue-chez-les-chtiphanois/ >.

7 - Le Serpent Alpin ou le saccage du territoire allobroge, Pierre Mazet, août 2007, < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=109 >.

8 - L’express, op. cit.

9 - «La Biennale du design, véritable rendez-vous avec la modernité, fait partie des évènements qui s’inscrivent dans l’histoire de la ville. (…) et le monde entier qui vient car il voit une ville avec un nouveau visage, innovante… Ce n’était pas gagné d’avance ! Cette Biennale est la confirmation que nous avons juste lorsque nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure du Design. Beaucoup étaient dubitatifs en 1997-1998 sur la nécessité d’un tel évènement. En 2006, je n’ai pas rencontré une seule personne qui m’ait dit qu’il ne fallait pas faire cette Biennale. Dans un contexte mondialisé, nos entreprises et leurs employés ont besoin de l’ouverture exceptionnelle qu’elle nous apporte.» Michel Thollière, Aujourd’hui Saint-Etienne, février 2007.

Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, Pièces et main d’œuvre, juin 2012, < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=378 >. Ce texte est également disponible en livre aux éditions L’échappée, février 2013.

10 - Kobe, Buenos Aires, Pékin, Shanghai, Séoul, Montréal, Nagoya, Berlin et Shenzhen.

11 - Michel Thollière (Maire de Saint-Etienne de 1994 à 2008 et sénateur de la Loire de 2001 à 2010), Aujourd’hui Saint-Etienne, Ibid.

12 - Dernière, puisqu’elle réactualise quotidiennement le concept de révolution. En ce sens, elle est liquide puisque rien ne se fige. Cf. La tyrannie technologique, critique de la société numérique, l’Echappée, 2007.

13 - Les Mutants sont la branche française des Transhumanistes. Ceux-ci prônent l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Pour en savoir plus sur La secte derrière les nanotechnologies : < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=24 >.

14 - Stand «relationchip», espace relationnel, Vogt + Veizenegger (Allemagne) biennale cohabitation. Texte de présentation : « (…) RELATIONCHIP est une nouvelle forme de réseau entre le visiteur de la biennale. Vous êtes conviés dans ce lieu à échanger un de vos vêtements contre celui d’un autre visiteur, étiqueté avec une puce électronique [RFID en forme de cœur !]. (…) Vous pourrez obtenir des informations sur le nouveau propriétaire de votre ancien vêtement et suivre la chaîne que vous avez commencée sur notre terminal et une page internet.

15 - «(…) intelligence, il faut l’entendre au sens anglais de renseignement – comme dans «Intelligence Service» – c’est-à-dire d’information qui circule. Tous ces objets, infrastructures ou êtres vivants, pucés, deviennent communicants. Leur minuscule prothèse électronique collecte des milliards de données au fil de leur vie (sur nos comportements, nos habitudes, nos déplacements, nos relations, nos idées) et les transmet à d’autres supports numériques – les objets communiquent entre eux – ou à des bases de données dont le rôle est de stocker et d’analyser ces informations pour en tirer des capacités d’action – de l’intelligence.» in IMB et la société de contrainte, PMO, mai 2010 : < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=253 >.

16 - Cf. Alerte à la biologie de synthèse et aux aliens de demain, PMO, 2013 : < http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=415 >.

17 - Et quel cynisme à l’heure des récents scandales alimentaires… «Pour faire accepter la viande artificielle, [proposition] d’une mise sur le marché progressive. Dans son scénario, la viande in vitro se présentera d’abord sous forme de poudre à utiliser comme un ingrédient parmi d’autres, dans la préparation du repas. Elle sera aussi intégrée dans les plats préparés vendus par les marques. Pendant ce temps, les chercheurs analyseront les réactions du public et ils feront évaluer cette viande in vitro afin qu’elle ne suscite plus de résistance chez les consommateurs». Projet In Vitro meat powder, projet Eating in-Vitro, 2012. Constenza Guiffrida, Next Nature Lab – Industrial Design Department, Eindhoven University.

18 - Où nous nous disons que vivre dans un conteneur paraît être quelque chose de très sain et de bien normal. Quant à sa généralisation, une évolution naturelle.

Pour lire ou imprimer ce texte en version mise en page et PDF, voir ICI, et ICI pour la version A5.

26 juin 2013

Surveiller et punir

Surveiller et punir (1975)

Surveiller et punir, de Michel Foucault, 1975.

Extrait n°1 : Le supplice est une technique et il ne doit pas être assimilé à l'extrémité d'une rage sans loi. Une peine, pour être un supplice, doit répondre à trois critères principaux : elle doit d'abord produire une certaine quantité de souffrance qu'on peut sinon mesurer exactement, du moins apprécier, comparer et hiérarchiser ; la mort est un supplice dans la mesure où elle n'est pas simplement privation du droit de vivre, mais où elle est l'occasion et le terme d'une gradation calculée de souffrances : depuis la décapitation - qui les ramène toutes à un seul geste et dans un seul instant : le degré zéro du supplice - jusqu'à l'écartèlement qui les porte presque à l'infini, en passant par la pendaison, le bûcher et la roue sur laquelle on agonise longtemps ; la mort-supplice est un art de retenir la vie dans la souffrance, en la subdivisant en "mille morts" et en obtenant, avant que cesse l'existence "the most exquisite agonies".

Extrait n°2 : Dans son affrontement avec le condamné, l'exécuteur était un peu comme le champion du roi. Champion cependant inavouable et désavoué : la tradition voulait, paraît-il, quand on avait scellé les lettres du bourreau, qu'on ne les pose pas sur la table, mais qu'on les jette à terre. On connaît tous les interdits qui entouraient cet "office très nécessaire" et pourtant "contre-nature". Il avait beau, en un sens, être le glaive du roi, le bourreau partageait avec son adversaire son infamie. La puissance souveraine qui lui enjoignait de tuer, et qui à travers lui frappait, n'était pas présente en lui ; elle ne s'identifiait pas à son acharnement. Et jamais justement elle n'apparaissait avec plus d'éclat que si elle interrompait le geste de l'exécuteur par une lettre de grâce.

Extrait n°3 : Le pouvoir dans la surveillance hiérarchisée des disciplines ne se détient pas comme une chose, ne se transfère pas comme une propriété ; il fonctionne comme une machinerie. Et s'il est vrai que son organisation pyramidale lui donne un "chef", c'est l'appareil tout entier qui produit du "pouvoir" et distribue les individus dans ce champ permanent et continu. Ce qui permet au pouvoir disciplinaire d'être à la fois absolument indiscret, puisqu'il est partout et toujours en éveil, qu'il ne laisse en principe aucune zone d'ombre et qu'il contrôle sans cesse ceux-là mêmes qui sont chargés de contrôler ; et absolument "discret", car il fonctionne en permanence et pour une bonne part en silence.

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